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CHARLESTON

1, rue des petits-pas, Nathalie Hug

1, rue des petits-pas - CouvertureRésumé :

« Lorraine, hiver 1918-1919. Dans un village en ruines à quelques kilomètres du front, une communauté de rescapés s’organise pour que la vie continue.
Louise, seize ans, est recueillie au 1, rue des Petits-Pas par une sage-femme qui va lui transmettre son savoir : accoucher, bien sûr, mais aussi lire et écrire, soigner les maux courants et, enfin, être l’oreille attentive de toutes les confidences. Mais dans ce village ravagé par la guerre et isolé du monde, les légendes nourrissent les peurs, et la haine tient les hommes debout. Ces peurs et cette haine, Louise va devoir les affronter car elle exerce son art dans l’illégalité, élève un enfant qui n’est pas le sien, aime un être qu’elle n’a pas le droit d’aimer, et tente de se reconstruire dans cet univers où horreur et malveillance rivalisent avec solidarité et espoir. »

Coup de Cœur :

Un roman que j’avais repéré lors de sa parution l’année passée en février, et que je viens seulement de découvrir ! Autant vous mettre au courant tout de suite : je l’ai lu sur ma journée ! Un vrai coup de cœur pour ce texte ! J’ai été complètement happée par l’histoire de Louise, de son village et ses habitants !

Dés les premières pages, nous sommes plongés dans la vie de Louise, son apprentissage du métier de sage-femme, dans un village qui essaye de se relever après la guerre. L’auteur a soigneusement posé un cadre historique, bien documenté, on y sent des recherches et une volonté de nous apprendre qu’elle était la vie des femmes à l’époque, leurs souffrances, leurs chagrins, leurs joies, et surtout le courage dont elles faisaient preuve au quotidien ! A travers les yeux de Louise, nous suivons la vie des autres villageois, surtout celle des villageoises, nous découvrons aussi ce qu’elles cachaient aux autres mais qu’une sage-femme apprend en consultation, elle les soignait et était aussi une confidente. Sa vie n’est pas simple, elle sera à la fois aimée et détestée par les habitants, enviée et aidée, on la soutiendra tandis que certains sont prêt à tout pour la faire échouer ! La nature humaine peut révéler le pire comme le meilleur en temps de crise !!!

Nathalie Hug nous explique aussi la reconstruction d’un village après la première guerre mondiale. A côté de celui-ci est stationné un campement de soldats américains, celui-ci va apporter son lot de complications et de solutions à la population. Les hommes reviennent petit à petit du front, de captivité : parfois indemne physiquement et complètement démoli psychologiquement, parfois diminué physiquement et plein d’une envie de vivre malgré tout. Les conséquences de la guerre se font ressentir sur tous et toutes. Et réapprendre à vivre ensemble peut se révéler bien plus compliqué qu’on ne l’imagine.

Je suis tombée sous le charme de cette histoire dés le début, je me suis attachée à Louise et à ce bébé qu’elle met au monde, Jean-Baptiste. Ce personnage féminin est représentatif de la période troublée que vit la France, elle n’a pas été épargnée par les tragiques évènements qui l’ont accablée pendant quatre longues années, et elle désire par-dessus tout se reconstruire, et surtout se créer une vie qu’elle a choisit ! Ses choix seront durs, pas facile à assumer pour une femme à l’époque et malgré les soutiens, il lui faudra énormément de courage et de volonté pour continuer d’avancer ! J’ai beaucoup d’admiration pour elle !
L’auteur est franche et direct dans ses descriptions, elles sont minutieuses et très crues parfois. C’est ce qui rend le récit encore plus réaliste et vrai, les scènes d’accouchements, de soins aux victimes de viols sont parfois horribles, néanmoins c’est la triste vérité de l’époque, sans jamais être voyeur. J’ai particulièrement apprécié la formation de Louise, son apprentissage du métier avec Vida, le personnage le plus énigmatique du roman qui m’aura surprise à de nombreuses reprises ! C’est dans ces moments que j’ai le plus ressenti le travail de recherche de l’auteur : la connaissance des plantes, du travail de l’obstétrique, des découvertes, les difficultés de partager un enseignement de qualité….

L’auteur nous livre un roman soigneusement documenté, passionnant, à l’intrigue captivante, aux personnages émouvants dans une atmosphère historique très bien rendue ! J’ai appris énormément d’informations : historiques, sur la maternité, sur les méthodes d’antan, sur l’abnégation et le courage des femmes à l’époque, sur leurs douleurs et sur le comportement des hommes à l’époque. Certains éléments n’ont malheureusement pas changé aujourd’hui, c’est inscrit dans la nature humaine… Et les conflits, les malheurs font ressortir le pire et parfois aussi heureusement, le meilleur.

Une très belle histoire qui rend un bel hommage à ces femmes courageuses qui ont affronté nombres d’épreuves, traversé des drames avec une force exemplaire !

Citations :

– J’avais grandi dans l’idée que la vie n’était que souffrance, et qu’il me fallait accepter ce sort, puisque tel était celui que Dieu m’avait choisi. Ce Dieu que je devais chanter le dimanche, tellement fourbue par ma semaine que je ne parvenais plus à me lever pendant la messe, quand le curé me l’ordonnait. Ce même Dieu qui m’avait enlevé mes parents d’abord, puis Hortense, la frappant de la vérole, et qui nous avait livrées à des soudards, la Vieille et moi.

– Bientôt les canons cesseraient de labourer les cadavres, les bois et les prés, et un autre combat débuterait. Il faudrait soigner les blessés, soutenir les vivants, guérir le corps et le cœur des femmes, enterrer les morts et retrouver les disparus.
Tout serait à reconstruire, les murs et les gens.

– « Allez dire à cette femme qu’elle devait mourir au nom de Dieu ! Et aux filles violées par leur père, ou par des déments, qu’elles doivent se réjouir d’être enceintes! Et tant que vous y êtes, allez expliquer aux putains qu’elles ne doivent pas se prémunir d’une grossesse ! Ou mieux, pauvre curé que vous êtes, ajoutai-je folle de rage, demandez donc à votre Dieu qu’il s’incarne pour le leur dire lui-même ! Et quand il l’aura fait, alors seulement, j’irai me confesser. »

Intensité du coup de coeur
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