Résumé :
« Chaque année, à la mi-carême, se tient à la Salpêtrière, le très mondain Bal des folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valses et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous.
Dans ce livre terrible, puissant, écrit au scalpel, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au service du célèbre neurologue; Louise, une jeune fille « abusée » par son oncle, Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de jeter son souteneur dans la Seine; Eugénie Cléry enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre ses murs de ce qu’il faut bien appeler une prison.
Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXème siècle a essayé de contraindre au silence. »
Coup de Cœur :
La Rentrée littéraire 2019 me réserve quelques belles surprises et ce roman en fait partie ! Je l’ai commencé après le souper, en revenant de ma journée de travail et j’ai été incapable de le refermer avant d’en connaître la fin ! Autant vous dire que ma nuit fut courte et le réveil difficile le lendemain matin 😉
Hôpital de la Salpêtrière, en 1885, à Paris.
C’est un lieu redouté par les femmes, car malgré une nouvelle réglementation, les hommes peuvent les y interner et les faire passer pour folles, hystériques et compagnie sur leur seule parole !
On va y découvrir le destin de certaines d’entre elles, victimes du pouvoir et de la main-mise des hommes à travers le regard de Geneviève, une infirmière totalement dévouée au service du Dr Charcot, le célèbre neurologue. Parmi les patientes, il y a notamment Louise, une jeune fille naïve de 16 ans qui ne se remet pas d’un abus sexuel, et qui recherche désespérément l’amour, l’attention, et Thérèse, une ancienne prostituée, généreuse, internée depuis 20 ans. Et surtout il y a Eugénie, une jeune bourgeoise, intelligente et cultivée, qui a fait l’erreur de faire confiance à sa grand-mère bien-aimée, et qui sera enfermée de force par son père : elle dit communiquer avec l’âme des défunts…
Dés les premières pages, je me suis attachée à Eugénie qui est au final l’héroïne principale de ce roman à consonance féministe, un texte comme je les aime.
Un livre puissant sur la condition féminine au XIXème siècle, le regard de la société et de la science sur l’aliénation…
La majorité des femmes internées n’étaient pas folles, c’est juste qu’elles ne rentraient plus dans le canevas des biens-pensants de l’époque, et on s’en débarrassaient en les séquestrant soi-disant pour leur bien.
J’aurais deux tout petits bémols : j’aurais aimé que l’autrice approfondisse un peu plus ses explications sur les expérimentations du Dr Charcot et de ses assistants comme Gilles de la Tourette et Babinski, son utilisation de l’hypnose, ses séances de « cours » devenus des rendez-vous mondains. Et la fin est un chouïa trop « rapide » et « facile » à mon goût, maintenant ça reste des détails car le roman est très bien ficelé, fluide, clair malgré les thématiques abordées et les personnages sont attachants !
Certains passages sont vraiment révoltant, parfois glaçant et surtout criant de vérités… Des destins de femmes touchants, et tristes : elles n’ont plus guère d’autres occupations que le dortoir, le réfectoire, les promenades dans le parc quand le temps le permettait et les rendez-vous avec le Dr Charcot ou ses assistants…
Une lecture passionnante, élégante, fascinante et parfois terrifiante !
A lire pour que ce genre de comportement ne recommence jamais !!!
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