Girl - CouvertureRésumé :

« Le nouveau roman d’Edna O’Brien laisse pantois. S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.

Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.

Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, à son extrême, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à s’en sortir et son inaltérable foi en la vie face à l’horreur, l’héroïne de ce roman magistral s’inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l’expérience de la jeune Edna O’Brien, mise au ban de son pays pour délit de liberté alors qu’elle avait à peine trente ans.

Soixante ans plus tard, celle qui est devenue l’un des plus grands écrivains de ce siècle nous offre un livre d’une sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques. »

Coup de Cœur :

Ce titre de la Rentrée Littéraire 2019 avait attiré mon attention dés sa présentation, pourtant j’ai attendu le mois de novembre pour l’attaquer. Et juste après l’avoir commencé, il a reçu le Prix Spécial du Jury Femina 2019 afin de récompenser l’entièreté de l’oeuvre de l’autrice irlandaise.
J’ai découvert pour la première fois la plume de cette grande Dame de la littérature : superbe, délicate et pleine de poésie.

Edna O’Brien aborde un sujet brûlant d’actualité, extrêmement fort, terriblement dur et d’une cruauté inhumaine, tout ça sous prétexte de la religion…
On suit le parcours d’une écolière enlevée avec ses camarades de classe par les troupes extrémistes de Boko Haram au Nigéria. Elle nous raconte l’enlèvement des jeunes filles, à travers les yeux d’une d’entre elles. Elle nous explique sa terrible frayeur, ses pleurs, ses craintes, le trajet jusqu’au camps, les tortures et les nombreux abus dont elles ont été victimes… Elle sera mariée de force à un soldat et elle portera un enfant de lui, ce qui compliquera un peu plus son existence car elle a du mal à créer un lien avec cette petite fille non désirée.
Pourtant ça sera encore plus délicat quand elle réussit enfin à s’enfuir avec une autre victime des troupes à travers la jungle africaine.
Comment pourra-t-elle retrouver une vie « normale »? Pourra-t-elle reprendre sa vie là où elle a du la laisser? Elle que les autres ne voient pas une victime, plutôt comme une possible espionne… La population fait preuve d’injustice à son égard, elle et les autres soi-disant souillée par les viols collectifs qu’elles ont subit…

L’autrice se fait leurs voix, elle raconte leur volonté de vivre, de se reconstruire, d’avancer, de trouver un nouveau chemin, un nouveau but dans la vie. La jeune femme devra vivre à jamais avec cet épisode sanglant, l’accepter, se pardonner et trouver du réconfort ailleurs. Elle fait preuve d’une force de caractère remarquable !

Une histoire sombre, puissante, très forte, empreinte d’espoir malgré tout et d’attachement à la vie !

Un roman perturbant, révoltant et marquant….

Intensité du coup de coeur