Soixante printemps en hiver, Dejongh & Chabbert

Résumé :

» « – C’est ma fille. Elle et son frère m’ont appelée sept fois aujourd’hui. Plus ils appellent, moins j’ai envie de leur répondre et de leur expliquer.
– Leur expliquer quoi?
– Pourquoi je suis partie si vite, si brutalement.
Pourquoi je devais partir…
– Vous êtes mariés depuis combien de temps?
– 35 ans … 35 très longues années !
– Et pourquoi maintenant? T’aurais pu partir avant.
– Je ne sais pas, c’est comme si j’avais eu un déclic.
Soixante ans et un déclic ! »

Le jour de son 60e anniversaire, Josy refuse de souffler les bougies de son gâteau. Sa valise est prête. Elle a pris une décision : celle de quitter mari et maison pour reconquérir sa liberté en partant avec son vieux van VW ! Sa famille, d’abord sous le choc, n’aura dès lors de cesse de la culpabiliser face à ce choix que tous considèrent égoïste. Josy va heureusement tenir bon, trouvant dans le CVL (« Club des Vilaines Libérées ») des amies au destin analogue et confrontées à la même incompréhension sociétale… Mais cela suffira-t-il pour qu’elle assume sa soif d’un nouveau départ ? Et qu’elle envisage peut-être même un changement d’orientation sexuelle ? Oui, si l’amour s’en mêle. Ou pas…

Aimée De Jongh et Ingrid Chabbert composent la peinture subtile, touchante et moderne d’une crise de la soixantaine au gré d’un road movie impossible à lâcher avant sa conclusion. Un « Aire Libre » surprenant, osant traiter le tabou du changement de vie et d’orientation sexuelle… »

Coup de Cœur :

J’ai lu cette bande-dessinée en juin, et pourtant, je n’ai jamais pris le temps de la chroniquer alors que cette lecture avait un joli coup de cœur ! J’ai voulu la découvrir car j’avais déjà adoré L’Obsolescence programmée de nos sentiments , un excellent album en collaboration avec Zidrou.

Josy fête ses soixante ans en famille, et elle leur annonce son départ : ses valises sont prêtes, elle a acheté un vieux van VW, et surtout elle a besoin de retrouver sa liberté. Son mari, son fils, sa fille, ses petits-enfants, ne la comprennent pas, s’énervent, s’agacent et sont prêt à n’importe quel chantage pour lui faire retrouver sa place… Elle va résister, installer son petit mobil-home sur une petite aire de camping-car où elle rencontre une jeune mère célibataire, Camélia et Tom, huit mois, en pleine galère financière. Petit à petit, elle aménage son nouveau lieu de vie, et elle se lie d’amitié avec sa jeune voisine. Sa famille la « harcèle », ne cherche jamais à comprendre sa décision, sa fille préfère l’accuser de les abandonner et être assez cruelle dans ses propos.
Heureusement, grâce à Camélia, elle va rencontrer d’autres femmes qui ont créer le Club des Vilaines Libérées (le CVL) et créer de précieux liens d’amitié. En effet, elles ont toutes fait un choix qui les a amené à subir la même incompréhension de la société.
Josy va vivre intensément ses nouvelles expériences, et lui permettre de regarder la vie avec un nouveau regard, avec courage, en se détachant du regard des autres.

Une très belle histoire de femme, touchante, vibrante, qui décide de reprendre sa vie en main le jour de soixantième anniversaire.
Un scénario touchant, empreint de sensibilité sur les secondes chances et surtout les nouveaux départs, qui parle aussi d’amour, de relations familiales.

Les dessins sont fins, délicats, plein d’émotions. Ils retranscrivent en douceur les différentes étapes vécues par Josy, ses questionnements, ses joies, ses peines, ses envies. La colorisation à l’aquarelle permet de rentrer dans l’intimité de Josy.

Une excellente découverte que je recommande très chaleureusement !