Le silence des vaincues - CouvertureRésumé :

« Elle était reine. Briséis de Lyrnessos, vénérée et respectée. Mais, hors des murs du palais, la guerre de Troie fait rage et bientôt la cité de Lyrnessos tombe sous les assauts grecs. En quelques heures, Briséis voit son mari et ses frères massacrés ; de reine, elle devient esclave. Un trophée parmi d’autres pour l’homme qui l’a conquise : le divin Achille dont les générations futures chanteront les exploits.

Captive du camp grec, Briséis doit choisir : se laisser mourir ou survivre. Survivre comme un défi à la barbarie des dieux et des hommes, survivre pour raconter, enfin, son histoire. L’histoire de la femme par laquelle la guerre de Troie a basculé.

Et avec elle, après 3000 ans de silence, ce sont les voix de toutes les femmes laissées muettes par l’Histoire qui s’élèvent. Esclaves, prostituées, guérisseuses, effacées au profit des faits d’armes des guerriers.

Avec une précision historique remarquable et un style dans la plus pure tradition homérique, Pat Barker fait naître sous nos yeux une Iliade féminine magistrale. »

Bandeau pour le roman Le silence des vaincues

Coup de Cœur :

Lectrice Charleston un jour, lectrice Charleston toujours !
Un immense merci à l’équipe pour votre confiance et votre générosité !
Pour la première fois, cette année, les Editions Charleston ont décidé de sortir un roman à la Rentrée Littéraire de septembre, elles ont choisi de proposer un texte engagé et fascinant !

Briséis est la Reine de la cité de Lyrnessos. Cette dernière est assiégée par les Grecs, dont Achille. Réfugiée, avec les autres femmes de la tour dans la citadelle, elle voit son mari, ses frères, les hommes de son peuple se faire massacrer, et la cité tombe entre leurs mains. Les cadavres y sont abandonnés aux chiens et la ville laissée à la proie des flammes de l’incendie allumé par les vainqueurs.

Désormais, elles sont toutes des esclaves, c’est leur âge et leur beauté qui sont leurs seules qualités. Elle devient le trophée d’Achille, sa récompense pour la prise de la ville et les nombreux morts qu’il y a laissé. Apeurée, effrayée, craintive, elle découvre ce qui sera sa nouvelle vie dans le campement des grecs aux pieds de la Cité de Troie qui résiste depuis plus de neuf ans au siège. Le deuil est compliqué à gérer, la peur est omniprésente, et l’avenir plus incertain que jamais.

L’ancienne Reine peut heureusement compter sur le soutien d’autres captives, ces femmes qui, comme elle, ont tout perdu, qui sont devenues des trophées, des esclaves, avec encore moins de droits qu’avant (la place de la femme dans la Grèce antique était peu enviable…). Ses connaissances en soins, sa discrétion, sa douceur, vont l’aider à traverser les épreuves. Elle découvre, avec surprise, une forme de soutien de la part de Patrocle, le meilleur ami, le confident, le complice depuis l’enfance d’Achille. Elle est la témoin privilégiée du lien unique et exceptionnel qui lie les deux hommes, une fusion des âmes encore plus puissante que l’amour !

Contre son gré, car un esclave n’a aucun mot à dire pour sa défense, elle devient un sujet de discorde entre Achille et Agamemnon, elle fait partie de ce puzzle qui amènera la chute, la défaite et la destruction de Troie…

A travers la voix de Briséis, l’autrice offre un nouveau regard sur les derniers mois de la célèbre Guerre de Troie, ces dix ans de conflits nés de la beauté d’une femme : Hélène ! Grâce à elle, on découvre une société profondément misogyne, bourrée de croyances et de superstitions, qui glorifie la violence et la cruauté ! Elle nous narre, sans fausse pudeur, les atrocités sanguinaires de la guerre.
La jeune femme est déterminée à survivre, à surmonter les malheurs qui l’assaillent, et cette volonté de vivre est superbe ! Elle doit désormais obéir, se taire, plier et surtout ne pas céder, comme un roseau. Elle travaille : elle soigne, elle cuisine, elle tisse, elle fait le service, elle prépare le bain, et surtout elle se tient toujours à la disposition de son maître pour le moindre de ses désirs, elle n’a plus le choix, sa survie en dépend.
Elle et les autres esclaves vivent un enfer dans les campements, elles sont soumises au bon vouloir et à la cruauté des hommes : viol, mutilations, humiliations, exploitations, privations, quand ce n’est pas la mort car elles ne sont même plus considérées comme des êtres humains par certains, juste une marchandise dont on se sert !
Briséis nous raconte le quotidien, les maladies, les épidémies, les batailles, les luttes de pouvoir entre les généraux, les conditions de vie des soldats, la proximité continue, la mer, les repas, les rats…

Le prisme de cette esclave, et des autres femmes du camps, donne un nouvelle vision à ce récit mythologique, l’autrice réécrit, sans inventer pour autant, cette intrigue ! C’est un nouvel angle, un nouveau regard, qui ne change pas la finalité car ce sont toujours les hommes les vainqueurs au final…
Elle nous montre comme quoi les femmes sont toujours les grandes perdantes, que ce soit les vaincues ou les gagnantes : elles perdent leur liberté, leur(s) enfant(s), leur mari, leur père, leur(s) frère(s), leur futur… Elles gagnent juste de la souffrance, et du chagrin.

L’autrice donne voix à ces muettes de l’histoire, elle les fait sortir de l’ombre, et leur offre leur place tant méritée dans l’Histoire et la Littérature !
Une lecture tragique, déchirante, dure, poignante et réaliste ! Un voyage sombre et nécessaire dans la survie, l’abnégation, le courage de ces femmes via le destin de Briséis, une femme passionnante et attachante !

La plume est limpide, étincelante, addictive, fluide, et élégante. Elle retranscrit à merveille l’ambiance et nous permet d’imaginer les lieux et les personnages !

Une excellente découverte !

Citations :

– « Le silence sied aux femmes
Toutes les femmes que je connaissais avait grandi avec ce dicton. »

– « Les vaincus sont les oubliés de l’histoire, et leur version des faits meurt avec eux. »

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