Le Testament de Marie - CouvertureRésumé :

« Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, à l’écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Une réinterprétation bouleversante de la figure de Marie, un roman puissant et envoûtant. »

Coup de Cœur :

Comme beaucoup de monde, j’ai énormément entendu parler de Colm Toibin lors de l’adaptation de son roman Brooklyn (dont je n’ai encore ni vu et ni lu). Lorsque j’ai vu que ce titre de l’auteur arrivait en poche, j’ai sauté sur l’occasion d’enfin découvrir la plume d’un homme dont tous le monde me disait le plus grand bien !

C’est un texte très court, à peine 114 pages et très intense. Il s’attaque à une icône du paysage chrétien : Marie, la mère de Jésus ! Il prend le parti de raconter l’histoire de son point de vue ! Elle revient sur les derniers jours de son fils, et sur sa vie , son implication, ou justement sa non-implication dans les choix de l’homme qu’il est devenu et qu’elle ne comprenait plus. Elle est surveillée par deux anciens compagnons de celui qui se faisait appeler le fils de Dieu. Ils veulent lui imposer une vision de l’homme, de son entourage et surtout de la manière dont se sont déroulés ces moments-clés pour les futurs croyants. Elle s’y oppose à sa manière, en racontant justement ses souvenirs, ses craintes, ses doutes, ses erreurs, son expérience …

C’est un roman impossible à classer, perturbant ! Il est original et surtout terriblement audacieux ! Si l’histoire en elle-même ne m’a pas totalement séduite, la plume de l’écrivain par contre oui ! J’ai été envoûtée par sa puissance, sa justesse qui met en avant la douleur d’une femme, son désespoir et l’intensité de son amour pour un enfant inconscient de la gravité de ses actes et de ses excentricités !

Une plume qui m’a conquise plus que l’histoire ! Je retenterai une lecture ça c’est sûr, avec un sujet qui m’attire plus ! Une découverte que je recommande malgré tout pour la beauté de l’écriture, l’intensité qui s’en dégage sur si peu de pages ! Il bouscule, il pousse aux questions, il bouscule ce que nous croyons connaître !

Citations :

– Ils croient que je ne comprends pas ce qui se trame dans le monde; ils croient que le sens de leurs questions m’échappe, que je ne perçois pas l’ombre de cruauté sur leur visage et l’exaspération dans leur voix chaque fois que j’évite de leur répondre, ou que je leur réponds d’une façon évasive qui ne mène à rien. Ou que je ne me souviens pas de ce dont ils aimeraient que je me souvienne. Ils sont trop enfermés dans leurs propres besoins, qui sont insatiables; trop abrutis aussi par les restes de cette terreur que nous avons tous subie pour comprendre qu’en réalité je me souviens de tout.

– Les pensées qui me venaient malgré moi étaient des pensées liées au temps – le temps qui transforme un bébé sans défense en un petit garçon, avec les peurs, les inquiétudes et les menus cruautés qui sont celles d’un petit garçon, avant de créer un jeune homme avec ses mots à lui, ses pensées, ses émotions secrètes.

– Mon fils, lui ai-je dit, a réuni autour de lui une bande d’égarés qui n’étaient que des enfants comme lui, ou des hommes sans père, ou des hommes incapables de regarder une femme dans les yeux. De ces hommes qu’on voit sourire tout seuls, ou déjà vieux alors qu’ils sont encore jeunes.

– Ils ont enfoncé le premier clou à la jonction de la main et du poignet. Il hurlait de douleur et se débattait en vain pendant que le sang giclait et que les coups de marteau résonnaient sous l’effort des hommes pour faire pénétrer la longue pointe dans le bois de la croix tout en écrasant la main et le bras.

Intensité du coup de coeur