On ne voyait que le bonheur - CouvertureRésumé :

« « Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas ; les mots nouveaux, la chute de vélo, l’appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu’on fait, l’envie de changer le monde.
Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.
Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant.
Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.
Combien valurent les nôtres ? »
À force d’estimer, d’indemniser la vie des autres, un assureur va s’intéresser à la valeur de la sienne et nous emmener dans les territoires les plus intimes de notre humanité.Construit en forme de triptyque, On ne voyait que le bonheur se déroule dans le nord de la France, puis sur la côte ouest du Mexique. Le dernier tableau s’affranchit de la géographie et nous plonge dans le monde dangereux de l’adolescence, qui abrite pourtant les plus grandes promesses. »

Coup de Coeur :

Une Merveilleuse Surprise de la Rentrée Littéraire 2014 !!!
Grégoire Delacourt nous livre son meilleure roman, le plus abouti et sûrement le plus personnel !

L’histoire s’articule en trois grandes parties qui vont à chaque fois marquer un changement de rythme et de style dans l’écriture.
La première est très ressemblante avec les textes précédents, de l’introspection, de la réflexion sur sa vie. Antoine raconte sa vie à son fils, il lui explique comment il est arrivé à un moment donné de sa vie. Son travail est lié aux chiffres, aux sommes d’argent, et chaque chapitre commence avec un nombre qui aura son importance. Il raconte son enfance, ses rapports avec son père, sa mère absente, sa relation très forte avec sa petite soeur, et les éléments tragiques qui ont jalonnés sa vie. Il n’a jamais été réellement vraiment heureux, juste quelques mooments : il a manqué d’amour parental et d’attention. Il a donc été incapable d’en donner suffisament à son tour à sa femme et ses enfants. C’est agréable à lire, plutôt addictif, cependant ça manque un peu de relief jusqu’au dernier chapitre ! Là c’est le coup de poing psychologique qui m’a atteind en plein dans le mille ! JAMAIS je n’aurais imaginé un tel rebondissement, et j’ai été incapable de refermer l’ouvrage malgré l’heure tardive ! Je me devais de continuer afin de connaître la suite, et surtout essayer de comprendre !
La deuxième partie est celle de l’acceptation, de la reconstruction et de la rédemption. Pour cela, Antoine quitte la France après trois ans d’internement psychiatrique, et il s’exile au Mexique. Sa vie est désormais complètement bousculée et différente. C’est là-bas, il est un inconnu au passé vierge, il va s’y créer une « nouvelle » vie faites de résilience, de pardon, il doit apprendre à s’y reconstruire… Il va également y faire des rencontres qui changeront sa vision de la vie.
La troisième partie est racontée du point de vue de sa vie, sa victime. Elle appelle désormais son père « Le Chien ». Il y a plusieurs années qui se sont passées depuis cet évènement tragique, et elle n’a plus eu aucun contact avec Lui. Cette enfant a aussi besoin de se reconstruire, on découvre comment sa vie, et celles de sa mère et de son frère ont continués, comment elle a été bousculée. Malgré sa haine et son dégoût pour son père, elle s’interroge et enquête sur lui, son passé. Elle reprend contact avec ses amis et les membres de la famille avec qui ses proches ont coupé les ponts après l’Evènement. Et on comprend que le scénario a recommencé pour elle : elle a manqué d’attention et surtout d’amour parental…

Un tournant radical dans l’oeuvre de l’écrivain ! J’avais lu et apprécié « L’écrivain de la famille », et été déçue par « La Liste de mes Envies ». Ici je l’ai adoré et dévoré en deux soirées ! Je l’ai même terminé à 1h du matin, incapable de le refermer 😉
Je le recommande chaleureusement et je suis heureuse de le découvrir dans la sélection du Goncourt !

Intensité du coup de coeur