Résumé :
« C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire.
Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.
La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie.
Un livre magnifique et lumineux. »
Coup de Cœur :
J’ai découvert la plume de Clara Dupont-Monod en 2014 avec son roman biographique sur Aliénor d’Aquitaine Le roi disait que j’étais diable. Ce titre-ci m’a été chaleureusement recommandé par mon représentant qui a bien cerné mes goûts au fil des années 😉
Un roman touchant, doux-amer, tendre et plein de poésie. L’arrivée d’un enfant inadapté va bouleverser la vie d’une famille : les parents, l’aîné si fort et la cadette si malicieuse. Ils vivent dans les Cévennes, dans une maison un peu isolée, au bout d’un chemin de pierre. Les pierres, ce sont les narrateurs du récits, les témoins muets, quasiment invisibles de cette nouvelle vie de famille qui se crée.
Le récit est composé de trois longues parties. La première est racontée par l’aîné, ce garçon fier, protecteur, intransigeant, courageux et loyal. L’arrivée de ce petit frère différent ne va pas tout de suite le changer, les premiers mois, comme sa sœur, il resta le même il continua de jouer, de vivre, même si il ressentait le chagrin de ses parents. C’est à Noël que tout commença à changer : l’handicap de l’enfant ne pouvait plus être nier, il était clairement visible, et l’indifférence devenue impossible. C’est son esprit chevaleresque qui s’imposa, et il se consacra désormais à prendre soin de lui, à le protéger de façon irrémédiable. Au point qu’il s’oublia complètement. En quelques mois, il s’attacha profondément à l’enfant qui devint le centre de son univers : il apprit la patience, la bonté, le pardon. Une relation fusionnelle dans laquelle il s’est perdu et que le changea à jamais.
La seconde est celle consacrée à la cadette : un caractère volcanique, elle est en colère contre cet enfant qui lui « vole » l’affection de son aîné, la joie de vivre de ses parents, l’insouciance de son enfance. Toute leurs énergies sont tournées vers lui, ce petit être sans défense qui en grandissant la dégoûtait de plus en plus, elle était terrorisée par sa fragilité, sa santé déficiente. C’est la colère qui s’implanta en elle : contre l’enfant, sa famille, cette différence, l’isolement qu’elle ressenti. Elle se réfugia dans la nature, et surtout chez sa grand-mère qui la comprit et qui prit soin de ses trois petits enfants sans faire de différence, avec cette tendresse rude propre aux Cévenols. Elle s’est sentie comprise, acceptée avec ses humeurs, son caractère. Avec elle, la colère s’apaisait, elle continuait de s’exprimer à l’école, dans les soirées…
La troisième et dernière partie est j’ai plus douce, tendre, c’est celle du petit dernier qui est arrivé après, qui vit avec les fantômes, un petit sorcier qui amène la guérison, la renaissance, l’espoir.
Un roman choral lumineux, d’une rare délicatesse, qui raconte avec intensité le tsunami émotionnel qui ravage une famille, une fratrie lors de la naissance d’un enfant inadapté. C’est grave, parfois dur, souvent triste.
Un texte plein de pudeur, où chaque mot a été choisi avec soin ! De superbes descriptions de la faune, de la flore, de la nature, des personnages, du contexte, tout nous projette directement au cœur du drame familial.
Malgré les épreuves, les injustices, les douleurs, les peines, la vie est belle !!!
PS : il a été récompensé à de nombreuses reprises cet automne, notamment avec le Prix Femina et le Prix Goncourt des lycéens.
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