555 - CouvertureRésumé :

« « J’ai bu du champagne, moi qui ne bois jamais, dansé avec Alice – je devais avoir l’air ridicule –, repris du champagne, discuté quelques instants avec une pianiste libanaise que j’admirais depuis des années. J’avais le sentiment étrange que tout cela arrivait à un autre que moi. »

En réparant un étui à violoncelle, Grégoire découvre une partition ancienne. Elle pourrait être la légendaire 556e sonate du compositeur Domenico Scarlatti. À peine déchiffré, l’inestimable document disparaît. Débute alors une course folle qui précipite quatre autres personnages, aussi complexes que passionnés, à la poursuite de la mystérieuse partition : un luthier criblé de dettes de jeu, une claveciniste mondialement réputée dont la carrière est menacée, un universitaire aussi antipathique que savant et un riche collectionneur désœuvré. Tous verront leur existence à jamais bouleversée par cette quête éperdue. »

Coup de Cœur :

Depuis le début de l’année 2024, je suis heureuse, je fais de très belles découvertes littéraires, et je retrouve aussi avec joie des plumes après parfois de longues années, Hélène Gestern en fait partie. J’avais eu un très beau coup de cœur pour Eux sur la photo il y a déjà dix ans, au tout début de ce blog. J’avais énormément entendu parler de ce titre en 2022, il avait été plébiscité par la presse et le public, et je comprends désormais pourquoi, il est excellent !

J’ai littéralement dévoré ce roman en deux soirées, et le lendemain, j’ai senti bien la fatigue quand le réveil a sonné le lendemain matin ^^

Grégoire Coblence, ébéniste, au physique impressionnant, collabore régulièrement avec Giancarlo Albizon, un luthier parisien. Son épouse, Flo, l’a quitté, il en est toujours éperdument amoureux, et souffre de la situation. Leurs ateliers sont côte-à-côte et ils se recommandent mutuellement leurs clients. Alors que Grégoire restaure un étui à violoncelle, il découvre, caché dans la doublure, une partition qui semble très ancienne. Il a la sensation qu’elle pourrait être de Domenico Scarlatti, un compositeur de génie qui a écrit 555 sonates en à peine cinq ans, porté l’amour. Son œuvre est reconnue parmi les plus monumentales de son époque. Sa légende parle d’une 556ème sonate perdue depuis plus de deux siècles… Pour les aider à la déchiffrer et avec la volonté de l’entendre même une seule fois, ils sollicitent l’aide de Manig Terzian, une musicienne réputée à travers le monde du clavecin et surtout grande spécialiste de Scarlatti, elle a enregistré toute son œuvre. La concertiste, en fin de carrière à cause de soucis de santé, partage sa existence avec Madeleine, une artiste virtuose du violoncelle. Le musicologue Rodolphe Luzin-Farge, apprend l’existence de ce précieux papier, et il désire à tout prix l’étudier afin d’obtenir la reconnaissance internationale de son travail, il s’est dévoué corps et à âmes à ses recherches universitaires et à cet artiste du XVIIIème siècle. Il cumule les titres et les postes prestigieux, et il veut toujours plus. Enfin, il y a Joris De Jonghe, un brugeois richissime et grand collectionneur est bien décidé à rajouter cette partition à sa collection, il partageait avec sa défunte épouse, un grand amour pour les sonates de Scarlatti, surtout jouée par Manig.
Mais tout va très vite se complexifier : à peine déchiffrée, l’atelier du luthier est cambriolé et la précieuse partition disparaît. Elle suscite désormais de folles convoitises et le mystère qui l’entoure s’épaissit ! Ces cinq personnes se retrouvent intiment liée à cette sonate du talentueux musicien, ils désirent absolument la retrouver et comprendre son origine. Tous partagent des émotions fortes, sincères et parfois dévorante pour cette musique.
D’autres personnages gravitent autour d’eux, dont Alice, la petite-nièce de Manig, musicienne talentueuse en début de carrière.

Un récit choral palpitant qui mêle aventure, mystères, musique, tourments intérieurs, artistes, artisans, famille, amitié, et qui met en avant un musicien (que je ne connaissais pas), Domenico Scarlatti ! Un roman fascinant, bercé par la musique de prodigieux musicien, qui se transforment en quête pour certains même une obsession, rédemptions pour d’autres, et changements d’habitudes pour tous. Ils plongent vers l’inconnu, font des rencontres surprenantes, et retrouvent certaines valeurs oubliées. Au cinq protagonistes racontant cette histoire, l’autrice ajoute une sixième voix, inconnue et mystérieuse, celle de la personne ayant organisé ce plan qui observe dans l’ombre et qui a aussi l’impression que ça pourrait lui échapper à tout moment tant les réactions sont imprévisibles.

L’intrigue est passionnante, de plus en plus haletante, faites de rebondissements, de fausses pistes, d’espoirs inespérés jusqu’à un coup de théâtre final époustouflant ! La plume est fine, sensible, vivante, rythmée et elle s’adapte à la personnalité de ses personnages, faisant de son roman une sorte de thriller peu commun.

Je me suis régalée jusqu’à la dernière page avec cette histoire orchestrée de main de maître !

Citations :

* Car être musicien, avant d’affronter la scène, les feux de la rampe, le public, c’est cela, avant tout : s’asseoir devant son instrument, aligner les notes pendant des heures, chaque jour, chaque semaine que Dieu fait, et nourrir l’illusion de toucher, de temps en temps, à une éphémère perfection.

* Mon visage était humide quand elle a terminé de jouer ce dernier bis. Je n’ai pas l’habitude de me laisser aller en public. Mais cette femme m’avait rappelé que, malgré les coups de poignard, malgré les outrages que la vie nous inflige, elle pouvait encore, sans prévenir, nous inonder de joie, pour peu qu’on accepte de la laisser venir à soi.

* Imaginer une vengeance soulage ; la mettre en œuvre est sordide. Et les blessures qu’on inflige ne réparent pas celles qu’on a reçues.

* Lorsqu’elle était auprès de moi, sa présence était une évidence que je ne questionnais jamais. Depuis qu’elle n’est plus la, elle obsède mon présent jusqu’au vertige.

* Continuer à espérer quelque chose qui n’arrivera plus est la meilleure manière de se rendre fou.

Intensité du coup de coeur