Le dernier quai - CouvertureRésumé :

« Prêt pour l’ultime voyage ? Vérifiez d’abord que tous vos souvenirs sont en règle…
Les clients de cet hôtel ont un point commun : ils viennent tous de mourir. Dans un rituel immuable, Émile, en hôte bienveillant, les accueille et les guide pour qu’ils puissent faire un point sur leur vie et trouver une forme de résilience. Quant à ceux qui ne parviennent pas à faire la paix avec eux-mêmes, ils connaissent un sort peu enviable. Tout est réglé comme une horloge à l’hôtel du dernier quai. Pourtant un grain de sable va enrayer les engrenages. Cette fois, les nouveaux pensionnaires n’ont aucun souvenir de leur ancienne vie. Dès lors, comment les aider ? »

Coup de Cœur :

Certaines découvertes en bande-dessinée sont vraiment surprenantes, dans le bon sens du terme !

Emile, un hôte tout en bienveillance, se prépare selon un rituel bien établi afin d’accueillir au mieux les clients un peu particulier qui arrivent à son hôtel. En effet, ils sont tous liés par une chose commune : ils sont morts, et ce lieu est la dernière étape pour eux faire la paix avec leurs regrets et leurs culpabilités afin d’entamer leur ultime périple de manière paisible. Des objets symbolisant des souvenirs doivent être réanimer afin de passer cette étape indispensable. Tout est réglé comme un coucou suisse. Parfois, ça échoue, et c’est de plus en plus difficile pour Emile d’accepter ces échecs, il décide que désormais il n’y en aura plus.
Sauf ce dernier train, rien ne se passe comme prévu, Emile n’a pas pu tout agencer, tout prévoir pour que ça se passe de manière optimale. Et chose particulièrement étrange, aucun des nouveaux pensionnaires n’a de souvenir de sa vie passée ! Il se sent alors dans l’incapacité de les aider, et ça le perturbe, ça lui fait peur car ça éveille de drôles de sensations chez lui, et peut-être même des souvenirs !

Le scénario est intelligent, il amène une réflexion très intéressante sur la fin de la vie, sur la trace que nous avons imprimé sur Terre et chez les autres. Le récit rappelle aussi qu’il est nécessaire d’affronter les conséquences de ses actes pour pardonner et avancer. L’histoire est fluide, avec des flash-backs, qui ajoutent un peu de mystère et de fantastique.

La colorisation de la bande-dessinée est intelligente, et elle sert l’histoire : une partie des dessins sont en noir et blanc, avec des touches de couleurs qui symbolisent la vie, les émotions, certains événements majeurs. Il est créatif, expressif, et aborde un virage très intéressant dans la seconde partie, plus sombre.

Un très bel album empreint de poésie, d’une touche de philosophie, qui oscille entre réalisme, action afin de départager le bien du mal, son impression, son ressenti et ceux des autres.
L’univers est onirique, et poétique, avec un souci du détail tant dans le scénario que dans les dessins.
Une lecture touchante tout en douceur et en noirceur, en empathie et en souvenirs.
Un huis-clos fascinant, étrange, captivant, envoûtant et immersif.

Citations :

* Si vous ne faites pas face à ce qui vous ronge, vous deviendrez l’ombre de vous-mêmes

* Chacun laisse une trace à sa façon. Même dans les habitudes les plus simples.

* On ne sauve pas les gens malgré eux.

Intensité du coup de coeur