Le Pavillon des combattantes - CouvertureRésumé :

« En pleine pandémie de grippe espagnole, l’ancien monde est en train de s’effondrer.
À la maternité, des femmes luttent pour qu’un autre voie le jour.

1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie.
Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.
Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie. Un huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères. »

Coup de Cœur :

Après plusieurs jolies découvertes de la Rentrée Littéraire 2021, je n’avais pas encore eu de romans qui m’attrape, que me touche jusqu’au tripes, et ça me manquait… Ce titre m’a attiré dés que je l’ai reçu : destin de femmes, première guerre mondiale, Irlande, début de l’épidémie de grippe, tout était là pour me plaire. Et je le confirme, dés les premières pages, j’ai su qu’il allait me laisser des traces ! Et sans m’en rendre compte, j’ai dévoré les 200 premières pages d’une traite (sur 355 ^^)!

Dublin, 1918, la Première Guerre Mondiale n’est pas encore terminée, qu’une violente épidémie de grippe ravage la population. C’est le chaos dans la ville, le pays et le reste de l’Europe.
Julia, infirmière et sage-femme, travaille désormais dans un petit service réservé aux femmes enceintes atteintes par la maladie. Elles y sont mises en quarantaine et soignées en attendant leur accouchement. Le lieu est bien trop petit, mal équipé (la guerre utilise la majorité du matériel), et complètement inapproprié. L’épidémie n’épargne personne, et surtout pas les médecins et les infirmières. A cause des événements, le personnel soignant est donc en sous-effectif, Julia se relaie avec une religieuse de nuit pour prendre soin des patientes. Elle peut heureusement compter sur le soutien de Bridie, une jeune orpheline bénévole, inexpérimenté, sans connaissance médicale certes, mais motivée, solaire, pleine de bonne volonté, vive d’esprit et efficace. Et quand elle en a le temps, et la possibilité, le Dr Kathleen Lynn vient examiner les parturientes et lui prodiguer de précieux conseils. Des liens particuliers vont se nouer entre ces trois femmes.
Il y a aussi ces trois brancardiers, des rescapés, des gueules cassées de la guerre qui transportent les patients, et les morts.

Julia, 30 ans, célibataire et sans enfant, vit avec son frère, Tim, victime du syndrome du « Shell Schock », le choc des obus qui rendent des soldats tremblants, fous, catatoniques, ou bien muets, incapables de parler comme lui. Ils prennent soin l’un de l’autre, une vraie complicité fraternelle les unit dans un pays ravagé par le conflit, la pandémie et sa volonté d’indépendance. Elle s’investit énormément dans son métier, et elle est bien décidée à aider de son mieux ces femmes qui se battent pour leur vie et celle de leur bébé.

Pendant trois jours, dans un quasi huis-clos, on suit l’héroïne qui en ressortira transformée. Elle enrichit son expérience professionnelle en apprenant à gérer des situations complexes, elle améliore ses connaissances et ses compétences médicales grâce aux judicieuses indications du Dr Lynn. Grâce à ses patientes et à Bridie, elle en apprend beaucoup sur la réalité cruelle qui attend les orphelines et les filles-mères dans les couvents soi-disant créé pour les aider. Elle partage ses questionnements, ses actes, ses peurs, ses réflexions, son quotidien, ses petites manies et ses petites joies dans une vie faites de dur labeur. Avec la maladie, tout doit être désinfecté avec de l’acide phénique, elle se lave en permanence les mains avec du savon carbolique. Tous les instruments, les gants, les thermomètres doivent être bouillis ou désinfectés après chaque utilisation, sans oublier une ventilation permanente de la pièce, avec une seule petite fenêtre et un froid glacial.

Un récit poignant sur le courage quotidien des soignant(e)s, la solidarité, la fatigue, le dévouement, l’épuisement, les peurs, les interrogations, l’héroïsme dont ils font preuves jour après jour afin d’aider ces mères à donner la vie dans des conditions particulières et difficiles à gérer, surtout émotionnellement.

En parallèle, l’autrice dénonce la société irlandaise, son catholicisme bien pensant qui a entraîné de nombreuses horreurs commises au nom de la religion, de Dieu sur les personnes les plus faibles, sous prétexte de sauver leurs âmes de leurs « pêchés » et de la damnation. Elle donne aussi un éclairage sur la situation politique et socio-économique du pays, via des faits historiques avérés.

Rouge, Marron, Bleu, Noir sont les noms des chapitres : les couleurs que prend la peau des malades aux différents cycles de la maladie qui décime la population…
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle avec la pandémie qui touche actuellement notre monde et les avis du gouvernement irlandais ne sont pas sans rappeler nos consignes :
« Veuillez à rester propre, à vous chauffer et à bien manger mais sans consommer plus que votre part de combustible et de nourriture. Couchez vous tôt et ouvrez grand vos fenêtres tout en prenant garde à éviter les courants d’air. Une bonne ventilation et le respect des mesures sanitaires seront le salut de notre nation. » Ce roman écrit avant 2019 nous rappelle qui l’histoire est un éternel recommencement…

Un roman intense, passionnant, humaniste, authentique, documenté et vraiment juste.
Féministe, beau et tragique !

Intensité du coup de coeur