Lebensborn - CouvertureRésumé :

« Un matin qu’elle se promène avec son fils, bébé, Isabelle Maroger se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race » … Un choc pour Isabelle, qui réalise qu’il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c’est parce qu’elle est à moitié norvégienne. Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens.

Il y avait deux programmes nazis secrets :
le premier avait pour but d’exterminer les juifs dans les camps,
le second de faire naître des aryens dans des maternités. »

Coup de Cœur :

J’avais repéré cette bande-dessinée chez plusieurs personnes, et cette thématique m’attirait beaucoup : cette recherche de l’idéal humain chez les nazis, sans réfléchir aux conséquences pour les enfants nés de cette volonté.

L’album est particulièrement puissant car il raconte l’histoire de la mère de l’autrice, ce sont ses racines qu’elle explore, qu’elle découvre, qu’elle nous raconte avec pudeur et sincérité. Elle revient sur un aspect trop peu connu du régime nazi.

Lyon, mai 2014, Isabelle prend le bus avec son nouveau-né, et une autre passagère va lui faire un compliment sur son beau bébé blond aux yeux bleus, en rajoutant quelques mots terrible « ça devient rare comme race ». Ils vont agir comme un électrochoc sur la jeune femme, et lui faire comprendre qu’elle a besoin de raconter ses origines, d’où lui viennent sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Elle est à moitié norvégienne, et sa maman est née, pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans un Lebensborn, ces maternités créées pour faire naître un maximum de bons petits aryens pour le régime…

Isabelle Maroger remonte dés sa jeunesse, à l’époque où la famille ignorait encore tout de leur origines, et comment sa mère, avec l’arrivée d’internet dans les foyers, a commencé à enquêter sur ses origines grâce à son dossier d’adoption. C’est un long chemin qui l’attend, ainsi que de sacrées découvertes qui vont tous les bouleverser. Se diriger vers son histoire qui est liée à l’Histoire est compliqué, ce sont des révélations compliquées à gérer émotionnellement, tous le monde n’accepte pas la vérité et le passé peut se révéler un handicap…
C’est raconté avec tendresse, et même quelques d’humour alléger certaines découvertes plus difficiles à accepter sans en retirer pour autant la puissance des émotions partagées. Elle revient aussi sur les tristes conséquences pour ces familles européennes, de nombreux pays sont concernés, quand elles découvrent la vérité. Elle remet aussi en lumière cette partie trop souvent de l’Histoire.

Un roman graphique d’une grande puissance sur l’histoire familiale de l’autrice, couplée d’une enquête haletante, bouleversante sur ses cliniques nazies malheureusement toujours trop peu connues. Un témoignage touchant et positif dans le message véhiculé par l’autrice.
L’autrice a réussit le pari improbable d’écrire une bande-dessinée qui est glaçante et pourtant pleine d’espoir !

Un dernier mot sur le livre objet, sa couverture est superbe avec un joli travail du détail sur les rabats qui prolonge le dessin. En prime, il y a un petit dossier qui va un peu plus loin dans les explications, très instructifs, et qui raconte aussi son propre voyage sur les traces de ses racines.

Intensité du coup de coeur