Panorama - CouvertureRésumé :

« « C’était il y a tout juste un an.
Une famille a disparu, là où personne ne disparaissait jamais.
On m’a chargée de l’enquête, et ce que j’ai découvert au fil des semaines a ébranlé toutes mes certitudes. Il ne s’agissait pas d’un simple fait-divers, mais d’un drame attendu, d’un mal qui irradiait tout un quartier, toute une ville, tout un pays, l’expression soudaine d’une violence qu’on croyait endormie. »

Hélène, ex-commissaire de police, reprend du service pour retrouver un couple et leur petit garçon, Milo. Elle rencontre les dernières personnes à avoir été en contact avec eux. Depuis que la France a basculé dans l’ère de la Transparence, ces hommes et ces femmes vivent dans un monde harmonieux, libéré du mal, où chacun évolue sous le regard protecteur de ses voisins. Mais au cours de son enquête, Hélène va dévoiler une vérité aussi surprenante que terrifiante.
À travers cette contre-utopie, c’est le monde d’aujourd’hui que l’auteur interroge. Ce roman haletant montre des êtres en proie à leurs pulsions et à leurs fêlures derrière leur apparente perfection. »

Coup de Cœur :

La Rentrée Littéraire est souvent surprenante et elle me fait régulièrement sortir de ma zone de confort. Ce roman en est un parfait exemple, et entretemps il a gagné le Prix Renaudot des Lycéens, j’ai donc cédé à la curiosité.

Tout commence en 2029, quand une nouvelle technologie fait basculer la France dans l’ère de la Transparence : désormais chacun vit sous le regard de ses voisins, où le mal semble avoir été éradiqué. Les années passent, la majorité des français se sont habitués à cette nouvelle manière de vivre, la Police n’a désormais plus sa place, et elle a été transformée en Gardienne de Protection. Le pays est divisé en quartiers : ceux où les français vivent dans des quartiers entièrement transparents grâce à des maisons-vivariums. Là-bas, tous les voisins sont en hyper vigilance, et la moindre suspicion de crime, de maltraitance, ou de violence déclenche une réaction du voisinage. Puis il y a les autres quartiers, des zones de droits, des immeubles emmurés, dans lesquels les gens vivent comme avant, et y vivre est une circonstance en cas de procès. Ces derniers sont désormais gérés par des citoyens, la justice ayant été dissoute.

En 2049, Hélène Dubern, une ancienne commissaire de police, a été convoquée pour reprendre du service suite à la disparition inexpliquée d’un couple, les Royer-Dumas, et de leur fils de huit ans, Milo. Dans un monde où tous le monde est au courant des moindres faits et gestes de ses voisins, personne n’aurait été témoins, ils semblent s’être évanouis dans la nature. Hélène, ayant connu l’autre monde, retrouve aussitôt ses réflexes, et se plonge dans l’enquête avec un œil avisé. Elle comprend immédiatement que cette affaire sera complexe, au fil des jours, elle découvre une vérité terrifiante qui lui offre un regard différent sur la société.

Une utopie surprenante, un récit haletant, un vrai thriller d’anticipation qui mêle habillement un pamphlet noir et mordant, avec la plume veloutée d’une fable. Avec une construction digne d’un polar, l’autrice un portrait intelligent, glacial, au vitriol d’une société où tous le monde se dévoile sans pudeur.
Un récit passionnant qui nous décrit une situation qui tourne à l’enfer, à cause d’une transparence poussée à l’absurde.

Glacial, accablant, écœurant et surtout indispensable.

Citations :

* Plus personne, dans notre société qui “aime”, dans notre société qui “like”, ne peut comprendre l’argentique. À moins de transformer les négatifs en “positifs”.

* Au fond, qu’avons-nous à cacher ? Si nous n’avons rien à nous reprocher, pourquoi ne pas accepter de tout montrer ?

* Je sais le mensonge de nos existences, l’image qu’on veut donner, parce que vivre en dehors du bonheur, c’est déjà être déclassé.

* Le hashtag « Revenge Week » – semaine de la vengeance – devient viral. Un climat insurrectionnel s’installe en France. Les victimes punissent leur bourreau.

* Les lois, tout comme les décisions de justice, seront désormais discutées et votées par le peuple lui-même sur Internet.

* Si l’amour ne dure pas, c’est bien pour cette raison que tu le chercheras, pour une seconde de folie qui vaut l’éternité, pour te sentir unique alors que c’est banal.

* Pour préserver un minimum d’intimité, certains couples ont investi dans des lits-sarcophages. Le principe est simple : chacun à son tour appuie sur le déclencheur – ce qui garantit le consentement – et le lit se referme comme une boîte. En cas de problème, un bouton d’urgence à l’intérieur permet d’ouvrir le coffre et d’alerter les gardiens.

Intensité du coup de coeur