Résumé :
« Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?
Un roman plein de fougue et d’éclats, habité par la grâce et la beauté. »
Coup de Cœur :
Sixième lecture de la Rentrée Littéraire 2023.
Et jusqu’à présent, une des meilleures, Jean-Baptiste Andrea m’a offert une lecture magnifique, enchanteresse, puissante et fascinante.
Michelangelo Vitaliani naquit en 1904, en France, de parents italiens immigrés. Son père était un sculpteur de talent qui périt sous un obus pendant la Première Guerre Mondiale. Sa mère ne pouvant lui offrir l’éducation dont il avait besoin, et voyant son talent précoce pour la pierre et sa taille, elle décida de le renvoyer en Italie, à Turin, chez son oncle Alberto, un sculpteur médiocre, en apprentissage en 1916. Cet homme, un ivrogne notoire, le détesta tout de suite : Mimo était petit et le resterait toute sa vie, c’était un nain. Et pire que ça, il était beaucoup plus talentueux que lui devant un bloc de pierre. Fin 1917, n’ayant presque plus de commande en ville, il acheta un atelier en Ligurie, à Pietra d’Alba. Le village possédait une fabuleuse église baroque, et la villa impressionnante des Orsini. Un domaine fait d’orangers, de citronniers, et d’une multitude de fleurs dans les jardins. Le Marquis et la Marquise avec trois fils et une fille : l’aîné périt à la guerre, le second passa son existence à tenter d’apporter la gloire à sa famille et le cadet s’est consacré à l’église. Enfin, il y avait Viola, la seule fille, bien trop intelligente et libérée pour l’époque. Malgré toute son ambition, ses qualités, ses talents, elle ne pouvait pas se libérer de leur emprise. Sa famille, dont l’histoire était bâtie sur des légendes, des mystères, allait scellé leur destin respectif. Dés leur première rencontre, ces jumeaux cosmiques se sont reconnus : ils ne pourraient jamais rester ensemble et surtout ils ne pourraient jamais rester séparer trop longtemps. Un lien indéfectible les a lié, ils avaient une relation unique, indescriptible, basée sur la différence, l’envie de réussir, la soif d’apprendre.
A travers leurs vies, à l’opposé l’une de l’autre, on découvre leur destinée, les conséquences de leurs choix, la puissance de leur lien. L’arrivée de fascisme va bousculer le pays, et Mimo verra son existence chamboulée.
Un beau gros roman (580 pages), un sacré pavé qui se lit tout seul tant la plume de l’auteur est fluide et addictive. Une histoire follement romanesque, grâce au talent de conteur de Jean-Baptiste Andrea.
L’histoire est incroyable, empreinte d’émotions, de pudeur, de fantaisie et bercée par les fantômes qui hantent les souvenirs et les regrets de Mimo et Viola. Sans pathos, avec délicatesse et tendresse, on découvre la vie de Mimo, son destin exceptionnel avec l’histoire de l’Italie en filigrane : la première guerre mondiale, ses conséquences, la montée du fascisme, la Seconde Guerre Mondiale et les nombreux changements qui en découlèrent.
Les personnages secondaires sont également très touchants grâce à un traitement de leur personnalité tout en profondeur et qui ne font de la simple figuration, ils ont tous leurs rôles à jouer.
En prime, il y a un hommage à certains artistes de talent qui inspirent les protagonistes principaux dont surtout Fra Angelico, ainsi que Michel-Ange, Le Caravage et d’autres. Autre point qui m’a énormément plu : la richesse des descriptions, sans jamais tomber dans l’excès qui permettent au lecteurs de s’immerger complètement et de savourer la beauté de la villa, de visualiser les champs, de s’imaginer les blocs de marbre quand il se transforme en chef d’œuvre.
Un récit élégant, sobre, harmonieux et riche en émotions.
Une vie tumultueuse, partagée entre sa passion pour la sculpture et l’art, ce besoin de reconnaissance, son amour impossible pour Viola.
Un roman magistral, un coup de cœur assurément.
PS : j’avais découvert cet auteur avec son premier roman, Ma Reine, que j’avais adoré. Ce qui est certain, je veux rattraper mon retard de lecture avec ses deux autres titres 🙂
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