Soeurs d’Ys, M.T. Anderson & Jo Rioux

Résumé :

« « Pour votre plaisir, nous allons convoquer les flots. Grâce à cette clé, nous contrôlons la mer et ses enfants. »

Pour ériger les remparts qui protègent Us des flots tumultueux, la reine Malgven a eu recours à la magie.
Sa mort brutale et mystérieuse laisse ses deux filles inconsolables et les éloigne l’une de l’autre.
Rozenn, héritière du trône, entre en communion avec la nature et s’apaise dans les landes; Dahut, la cadette, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues.
Mais derrière les murs immenses de la cité se cache un passé lourd de sombres secrets.
Le jour où le lien entre les sœurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d’Ys, et les monstres tapis dans l’ombre surgissent alors en pleine lumière.

M.T. Anderson revisite la légende celtique de la cité d’Ys, à travers les destinées irréconciliables de deux sœurs.
Un album envoûtant magnifié par les illustrations de Jo Rioux. »

Coup de Cœur :

Une belle couverture est indispensable, et j’avoue que celle-ci m’a tapé dans l’oeil, et quand la quatrième a parlé de légende celtique, j’étais sûre de vouloir la découvrir ! Sa magnifique couleur verte, son lettrage doré, son épaisseur, le mystérieux tourbillon qui unit les deux jeune femmes.

Gradlon est un roi qui se battait pour soumettre les peuples et les seigneurs voisins, alors qu’il est en mauvaise posture, il est secouru par Malgven, qui lui demande de tuer son époux. En échange, si il l’épouse, elle lui offrira une nouvelle capitale, plus fastueuse, avec un palais somptueux, elle repoussera les mers grâce à la magie. Ils ont tenu promesse tous les deux. Ils vécurent de longues années, très heureux, et leur union donna naissance à deux filles. Quand elle décède, c’est le début de la fin pour la cité d’Ys et ses occupants.

Rozenn et Dahut après le décès de leur mère

Rosenn, l’aînée et l’héritière, fuit le Palais, ses responsabilités, sa sœur, afin de se réfugier au cœur de la nature, elle rentre en osmose avec elle, les animaux, et apprend à connaître son peuple.
Dahut, la cadette, a hérité des pouvoirs magiques de sa mère, elle les utilise, s’instruit, apprend à les maîtriser, s’amuse avec les plaisirs que lui offrent la Cour, ses visiteurs…
Le roi est accablé de chagrin depuis le décès de la reine, et vit reclus dans une aile du Palais.

Les deux sœurs se sont éloignées irrémédiablement, et un événement va définitivement briser le lien…

Le scénario est beau, intense, sombre, nourri de légendes bretonnes et celtiques. Il s’attarde sur le caractère des deux héroïnes, leurs choix, leurs vies respectives, qui forgent leurs destins. Les décisions prisent par leurs parents ne seront pas sans conséquence pour leur progéniture qui en paient le prix fort !

Dahut et Rozenn, adultes

Les dessins sont majestueux, le graphisme empreint de magie, magnifie les incroyables forces de la nature et de l’imagination ! La palette de couleur est plutôt chaude en ce qui concerne Rozenn et ses liens avec la nature, alors qu’elle est plus froide quand elle s’attarde sur Dahut et l’obscurité du monde marin. Il y a de très beaux contrastes. C’est un savant mélange entre l’obscurité et la lumière qui anime aussi les personnages qui dégage une atmosphère envoûtante, fascinante et très forte !

Une bande-dessinée tragique, au fort message écologique, qui réussit le délicat équilibre entre violence, féerie et légende.

Une belle découverte !

Intensité du coup de coeur