Le livre des heures - CouvertureRésumé :

« « Marguerite se transporte dans le coin de l’atelier où peint son grand-père. Elle aime qu’il feigne de ne pas l’avoir vue. Elle l’observe manier le pinceau, poser la couleur, et les mains la démangent. »

Marguerite vit sur le pont Notre-Dame. Sa famille y tient l’échoppe d’enluminure la plus célèbre de Paris. Irrésistiblement attirée par l’atelier et ses couleurs flamboyantes, la jeune fille contemple les livres ornementés que fabrique son grand-père et se rêve artiste à son tour. Au fil du temps, Marguerite, libre et talentueuse, parvient à gagner sa place dans ce domaine réservé aux hommes. Mais au Moyen Âge, qu’il s’agisse d’amour ou de vocation, une femme peut-elle échapper à sa condition ? »

Coup de Cœur :

Retrouvaille avec la plume de Anne Delaflotte Mehdevi après La relieuse du gué, et sa suite Le porte-feuille rouge, un dyptique que j’ai adoré ! J’avoue avoir moins de souvenirs de Fugue. Elle m’a emmené dans un univers similaire et complètement différent ! C’est toujours dans le monde du livre, dans le travail du manuscrit, dans sa mise en beauté : tant sa création que sa restauration.

Paris, XVème siècle. Marguerite est née dans une famille d’enlumineurs qui a su s’installer dans le milieu et prouver sa valeur grâce à son talent : le grand-père est très talentueux, il enseigne à son fils et à de nombreux apprentis. La maison et l’atelier sont sur le pont Notre-Dame juste à côté de la demeure de son parrain, un apothicaire qui les fournit en pigments. Dés son plus jeune âge, elle est fascinée par les couleurs flamboyantes, le travail des artistes au grand désespoir de sa mère. L’aïeul comprend la demoiselle et la laisse observer, et même tester sur des bouts de vieux papiers, avec des fins de peintures. Son jumeau, Jacquot, est atteint du mal de Saint-Jean, et c’est un grand malheur pour la famille qui ne peut pas lui enseigner l’art de l’enluminure. Un lien puissant les unit, elle prend soin de lui. Grâce à sa détermination, son talent, sa passion, son obsession elle réussit à entrer en apprentissage. Rapidement, elle progresse, elle gagne sa liberté même si sa mère réprouve : cette dernière veut la marier, qu’elle rentre dans le rang, qu’elle prenne sa place de femme.

Un roman qui emmène dans l’intime, les sentiments d’une jeune fille qui se découvre. Grâce à sa passion, sa volonté, son amour des couleurs chatoyantes, elle met tout en œuvre pour réaliser ses rêves. Anne Delaflotte Mehdevi décrypte le quotidien de Marguerite, ses désirs, ses envies, ses craintes, et tout ce qu’elle met en œuvre pour réaliser ses rêves, sans rentrer dans le moule sociétal. J’ai adoré ce personnage : femme forte, talentueuse, enthousiaste, téméraire. C’est à la fois un destin de femme, une histoire d’amour, une immersion dans le Paris du XVème siècle, et une description détaillée du métier d’enlumineur.
L’autrice nous décrit la société moyenâgeuse, son rapport à l’art, la place des femmes, la difficulté de la survie au quotidien quand l’hiver est rude, la place de la Foi, les rapports avec l’étranger, la peur de la maladie…
La plume est sensible, délicate, pudique, douce et empreinte de poésie.

En quelques mots, un superbe livre qui parle de femme, d’enluminures, de Moyen-Âge, de manuscrits et d’art ! Je le recommande à toute personne ayant aimé les romans de Tracy Chevalier dont le superbe La Jeune Fille à la Perle.

Une excellente découverte !

Intensité du coup de coeur