Nettleton State Village - CouvertureRésumé :

« 1927, Pennsylvanie. Mary Engle, 18 ans, est embauchée pour travailler dans une clinique pour femmes handicapées mentales, le célèbre « Nettleton State Village pour femmes faibles d’esprit en âge de procréer ». L’établissement est moderne et ne ressemble au aucun cas aux asiles sombres et miteux qu’elle avait imaginés. Elle se fait rapidement des amis parmi le personnel.
Plus que tout, Mary adore son travail. Elle ne cesse d’admirer le dévouement de sa directrice, la belle et distinguée Dr Agnes Vogel, envers les centaines de patientes à sa charge.
Jusqu’à ce qu’un jour, Mary reconnaisse, parmi ces femmes « faibles d’esprit », Lilian Faust, avec qui elle a grandi à l’orphelinat de Scranton. Lilian était une chanteuse accomplie avec un don pour les langues… et un caractère bien trempé.
Mais lorsque Lilian la supplie de l’aider à s’échapper, lui révélant ce qu’il se passe réellement derrière les portes de la clinique, Mary doit choisir. Croira-t-elle son amie d’enfance, au tempérament volatile et à la moralité questionnable? Ou le docteur raffiné qui a gentiment pris Mary sous son aile?
Les choix de Mary risquent de bouleverser sa vie… mais aussi celle de bien d’autres. »

Coup de Cœur :

ADORÉ ♥️♥️♥️
Promis Laury-Anne, cet été j’aurai rattrapé une partie de mon retard en lecture Faubourg Marigny !

1827, Pennsylvanie, Mary Engle jeune orpheline de 18 ans, est engagée comme secrétaire pour le Dr Agnès Vogel et son assistante. Un peu inquiète au début, elle découvre une clinique réputée pour « femmes faibles d’esprit en âge de procréer » qui semble moderne, lumineux, bienveillant envers les pensionnaires qui ont placées là pour leur bien et celui de la société afin de ne pas engendrer d’autres déficients mentaux. Ainsi, limiter les dégâts de la procréation irréfléchie de ces hommes et de ces femmes incapables de se gérer seuls, sans le soutien de la société. Rapidement, la jeune fille se fait des amis parmi les membres du personnel, et le Dr Vogel la prend sous son aile et lui confie des taches et des responsabilités. Mary est complètement dévouée à sa directrice : fascinée par son intelligence, son travail, son dévouement, son engagement et sa prestance. Les dimanches, elle conduit la Dr Vogel dans sa famille, ensuite elle va à l’église, en compagne de l’infirmière Bertie. Devenues amies, elles profitent de ces quelques heures en dehors des murs pour s’amuser, et faire de nouvelles rencontres dont celle avec Jack, un jeune et séduisant journaliste qui tombe rapidement sous son charme, et c’est réciproque.
Un jour tout bascule, parmi les pensionnaires, elle reconnaît Lilian Faust, de deux ans plus âgées qu’elle, elles ont passé une partie de leur jeunesse ensemble à l’orphelinat catholique de Scranton. A l’époque, c’était une enfant curieuse, intelligente, une excellente chanteuse, elle connaissait plusieurs langues et elle était vive d’esprit, avec un caractère bien trempé. Que s’est-il passé pour elle? Pourquoi se retrouve-t-elle ici? Mary est intriguée, s’interroge jusqu’au jour où Lilian lui raconte son histoire et lui demande de l’aide. Un vrai dilemme pour la jeune dactylo. Elle est aidée dans son long et douloureux questionnement par l’infirmière Bertie et le journaliste Jack, tous deux soucieux de son bien-être et à l’écoute de ses craintes.

Un roman fort, féministe, passionnant, bouleversant, révoltant, et fascinant. L’autrice s’est inspirée de faits réels historiques glaçants ! A l’époque, cet eugénisme valorisé et plébiscité était reconnu comme progressiste, social et bienveillant ! Ces scientifiques, hommes et femmes, étaient persuadés de savoir mieux que quiconque ce qui était le mieux pour les autres femmes ! Cachés derrière de soi-disant bonnes intentions, et une volonté de réforme sociale progressiste, le Dr Agnes Vogel et les autres n’ont d’autres ambitions que de s’enrichir et d’asseoir un peu plus leur prestige aux yeux de la bonne société. Ann Leary traite de sujets de grande importante comme la santé mentale, les droits des femmes et tout ce que ça implique, la sororité, l’entraide, l’abus de pouvoir, et surtout l’eugénisme.
Inspiré de l’histoire de la grand-mère de l’autrice, ce récit met en lumière un élément honteux de l’histoire américaine, dans la continuité des merveilleux romans d’Ellen Marie Wiseman.
L’ambiance du roman est malaisante, parfois même étouffante, souvent inquiétante, et certains actes sont d’une perversité glaciale !
Mary est une jeune fille vraiment attachante, son jeune âge, sa naïveté, et son innocence l’empêche de comprendre la réalité des faits au débuts, elle hésite, elle craint les conséquences de ses actes, puis on la voit grandir, mûrir et prendre des décisions graves avec courage. Les personnages sont très bien définis, avec toutes les nuances des personnalités humaines, ils sont rarement tous noirs ou tous blancs, les nuances sont là.

J’ai dévoré ce roman, découvert cet histoire avec effroi, j’ai tremblé pour ces femmes, le traitement qui leur était infligé m’a révoltée, et se souvenir que ça s’est passé il y a moins d’un siècle, ça fait réfléchir à ce qui passe actuellement au Etats-Unis depuis quelques années : les droits des femmes sont plus que jamais menacés.

Impressionnant, effarant et malheureusement véridique.

Citations :

* « Dans la gestion des résidentes, les employés. doivent faire preuve de bienveillance et de compréhension. Toute menace, insulte ou autres sévices sont formellement interdits. Une gifle, un coup de pied ou quelconque châtiment corporel infligé à une résident vaudra à l’employé un renvoi immédiat. Toute résidente surprise en train d’en maltraiter une autre sera signalée sur-le-champ à Mme la directrice adjointe. »

* Ne vous inquiétez pas, dit le Dr Vogel. Très peu de filles présentent un retard mental profond ou même moyen, d’ailleurs. La plupart sont débiles légères.

* N’oubliez pas que ces filles ne sont pas responsables de leur condition. Elles n’ont pas eu de chance dès leur conception. Nous en sommes conscients et nous les traitons avec une attention et une compassion maximales. Aider son prochain enrichit l’âme, Miss Engle vous verrez. C’est certain.

Intensité du coup de coeur