Un tesson d'éternité - CouvertureRésumé :

« Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Qu’advient-il lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine et fait voler en éclats les apparences le temps d’un été ?

À travers un portrait de femme foudroyant d’intensité et d’émotion, Un tesson d’éternité remonte le fil de la vie d’Anna et interroge en un souffle la part emmurée d’une enfance sacrifiée qui ne devait jamais rejaillir. »

Coup de Cœur :

Valérie Tong Cuong est une valeur sûre à mes yeux ! Je l’ai découverte avec Providence lors de sa parution poche en 2010, j’avais été séduite par son optimisme. Avec L’Ardoise Magique, j’avais été surprise car elle changeait de registre avec brio ! Mon premier coup de cœur, ce fut avec L’Atelier des miracles en 2014 : avec un sujet grave, elle a écrit une histoire faussement légère, bienveillante, solidaire et lumineuse. En 2017, j’ai eu un très gros coup de cœur pour son Par Amour : un roman choral qui suit une famille du Havre pendant la Seconde Guerre Mondiale. Autant dire que j’avais mis la barre très haut pour le suivant, Les Guerres intérieures ! Elle m’a sorti de ma zone de confort, et j’ai été convaincue une nouvelle fois. Donc c’est sans aucune hésitation, et en ne lisant rien dessus que j’ai découvert son treizième opus Un tesson d’éternité !

Ouch !!!
Quel coup de cœur, quelle baffe !
Sans aucune hésitation, il rentre dans mes trois meilleures lectures de la Rentrée Littéraire 2021 avec Le Pavillon des combattantes et L’embuscade !

Anna, la quarantaine, pharmacienne, mariée, mère de famille dévouée, vivant dans une belle villa près de la mer, mène une vie tranquille, bien ordonnée, dans une petite ville où elle connait quasiment tous le monde. Son mari, journaliste, fils de bonne famille fait tout pour encore améliorer leur train de vie confortable.
Un matin, ce quotidien paisible s’effondre quand son fils adoré, Léo, est arrêté pour violences sur un policier pendant une manifestation : l’altercation a été filmée par un smartphone, et la vidéo tourne en boucle sur internet. Dans un climat social instable, elle est devenue virale et l’adolescent risque d’être puni pour l’exemple. Comme une lionne prête à tout pour son petit, elle va se battre afin d’offrir la meilleure défense à son enfant, et surtout elle veut faire toute la lumière sur les événements ayant entraîné l’arrestation de Léo. Cette déchéance dans la classe sociale, le couple va rapidement voir son cercle d’amis se réduire comme un peau de chagrin, va faire remonter de très douloureux souvenirs de jeunesse chez Anna.
Elle est née dans une famille très modeste, peu attentive aux besoins de ses enfants, son enfance fut une succession de moments douloureux, souvent très cruels. Elle va tout mettre en œuvre pour s’en dégager, quitte à arranger la vérité. Elle va sacrifier sa santé psychologique afin d’occulter son enfance tragique, cette violence qui a été son quotidien pendant de longues années. Elle a construit jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, la vie idéale dont elle rêvait, elle a pesé chacun de ses gestes, la moindre décision, ses paroles pour voir la concrétisation de sa vie de famille parfaite : un couple solide, un fils équilibré, une vie sociale privilégiée, un cocon confortable pour les accueillir.
L’arrestation de Léo va ébranler les fondations fragiles d’Anna, réveiller ses démons issus de l’enfance, rouvrir des blessures jamais réellement cicatrisées, et mettre à mal sa santé mentale. Une violence sourde va naître dans ses entrailles, et l’emmener dans une profonde confusion. Tous ses silences, ses non-dits, ses traumatismes vont réveiller des douleurs, une forme de folie qu’elle n’arrive à gérer.

Une fois encore, j’ai été bluffée par le talent, la plume, l’intelligence, les propos, les thématiques de l’autrice ! Le récit rappelle à quel point les blessures de l’enfance peuvent être profondes, et quand elles sont mal soignées, elles laissent des cicatrices très douloureuses pour l’âme, et un nouveau trauma pour tout faire voler en éclat. Toute cette souffrance jamais guérie entraîne Anna dans une spirale infernale, un cataclysme interne né des dommages collatéraux d’une enfance traumatique. Une lecture troublante, réaliste, sérieuse, dont le final est juste remarquable et implacable !

Un roman coup de poing, qui fait réfléchir !

Intensité du coup de coeur