Le Bal des Folles BD - CouvertureRésumé :

« Quand l’invisible au féminin fait vaciller le patriarcat !

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, et autres mousquetaires. D’un côté, les idiotes et les épileptiques ; de l’autre, les hystériques, et les maniaques. Ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations du professeur Charcot, neurologue fameux qui étudie alors l’hystérie. Parmi ses patientes, Louise, Thérèse, ou Eugénie. Parce qu’elle dialogue avec les morts, cette dernière est envoyée par son propre père croupir entre les murs de la Salpêtrière. Mais la jeune femme n’est pas folle, et le Bal qui approche sera l’occasion d’échapper à ses geôliers.

Victoria Mas, Vero Cazot et Arianna Melone révèlent la condition des femmes au XIXe siècle, tributaires d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. »

Coup de Cœur :

Lors de la Rentrée Littéraire 2019, un roman a fait énormément parler de lui : Le Bal des Folles, le premier roman de Victoria Mas. Et j’avoue que j’avais été séduite également, et je l’avais chaleureusement recommandé à de nombreuses reprises. Quand j’ai découvert qu’il avait été adapté en bande-dessinée, j’étais curieuse d’en voir le résultat !

Le Bal des Folles - Case

Eugénie et Geneviève

Eugénie est née dans une bonne famille bourgeoise, son père est notaire et son frère est tout désigné pour prendre la relève. La jeune femme est une « rebelle » à son époque : elle n’a aucune envie de se marier, elle désire apprendre, elle n’a pas peur de répondre à son père et d’accompagner son frère Théophile au salon-débat où elle n’a pas hésité à donner son opinion sur un sujet délicat : l’existence des Esprits. En effet, elle communique avec celui de son grand-père décédé depuis quelques temps. Elle s’intéresse à des livres sur cette thématique afin de comprendre ce qu’elle vit. Elle n’ose pas en parler à son entourage, jusqu’au jour où elle se confie à sa grand-mère. Malheureusement, celle-ci la dénonce à son père qui l’emmène directement à la l’Hôpital de la Salpêtrière où elle est internée afin de ne pas déshonorer sa famille…
La jeune femme est directement prise en charge par Geneviève, l’infirmière en chef avec qui elle créera un lien particulier : elle « voit » l’esprit de sa sœur Blandine. Celle-ci veut rentrer en contact avec elle. Les quelques vérités qu’Eugénie lui sort la font douter de sa folie. Elle se rend rapidement compte que la majorité des pensionnaires du Dr Charcot ne sont pas folles, ce sont des « parias » de la société qui les a isolé afin qu’elles ne créent plus de « scandales ». Elle se lie d’amitié avec Louise, une toute jeune femme, naïve, persuadée d’être aimée par un médecin qui lui manifeste des attentions, et Thérèse, internée depuis plus de 20 ans pour avoir poussé son Maurice dans la Seine. Elles ont eu une vie assez dure et les hommes ont abusés d’elles au point de les fragiliser psychologiquement.

Le scénario est une bonne adaptation de roman à succès, on retrouve les personnages, et principalement les personnages féminins. L’ambiance est bien retranscrite, ces femmes sont vraiment manipulées, leurs libertés sont réduites au bon vouloir des hommes. Eugénie est une jeune femme courageuse, volontaire, bien décidée à trouver son indépendance, empathique et sensible. Geneviève est une infirmière dévouée qui voit ses certitudes vaciller avec cette nouvelle pensionnaire. L’histoire est toujours aussi émouvante, et comme dans l’histoire originale, j’ai un petit regret : la psychologie des personnages aurait pu être approfondie tout les travaux du Dr Charcot.

Les dessins sont très beaux, fait à l’aquarelle, délicatement colorés. Ils reflètent l’onirisme et l’évanescence qui caractérise le roman.

Une relecture très agréable qui respecte l’œuvre, l’époque, l’ambiance, les personnages.

Le Bal des Folles - Couverture Poche

Intensité du coup de coeur