La Dernière Allumette, Marie Vareille

Résumé :

« Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.

De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme,

Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…

Un trésor de sensibilité et d’émotions brillamment construit. Marie Vareille démontre une nouvelle fois son talent unique pour nous tenir en haleine de la première à la dernière page. »

Coup de Cœur :

Une de mes meilleures lectures de 2024 assurément !
Un Immense Merci aux éditions Charleston pour la superbe box qui accueillait ce roman, remplie de goodies parfaitement en adéquation avec le livre ! Et un Immense Merci à Marie pour l’adorable dédicace ! Après près de deux ans d’attente, Désenchantées avait été, je croyais, mon plus gros coup de cœur avec La Vie rêvée des chaussettes orphelines, je n’ai guère su faire preuve de patience, je me suis jetée dessus, très curieuse de découvrir le secret derrière son titre énigmatique.

Une fameuse claque ! Je recommande ce dernier à 1000% ! Il est d’une puissance rare, d’une force inimaginable, et il m’a profondément émue. Abigaëlle, Gabriel et Zoé se sont fait une place particulière dans mon cœur ! Je vous recommande vivement de ne pas connaître le vrai sujet du livre, il vous cueillera et vous serez incapable de le lâcher avant la fin. C’est volontairement que je refuse de le dévoiler, il a rendu ma lecture encore plus intense. Et j’ai mis de longues journées avant de réussir à mettre des mots sur cette lecture !

C’est une histoire grave, le destin de trois personnes et de leur entourage. Des secrets empoisonnent leur quotidien, et ils risquent d’engendrer des conséquences… dramatiques.
Abigaëlle vit dans un couvent en Bourgogne depuis plus de vingt ans, elle a fait vœu de silence, pourtant son frère, Gabriel, lui rend visite toutes les deux semaines, et il lui raconte son quotidien. Son passé est obscur, elle ne se souvient plus, un événement la traumatisée et elle essaie de retrouver la trace d’un élément, d’un bout de souvenir afin de comprendre pourquoi. Un enterrement revient régulièrement dans ses souvenirs, même si elle ne souvient plus de qui il s’agit. Elle observe, de loin et avec inquiétude, la vie parisienne de son grand frère, un artiste reconnu. Il crée des albums superbement illustrés qui sont apprécié et reconnu tant par la critique que par le public. Tout commence à changer quand il rencontre Zoé, une jeune enseignante, solaire, optimiste, généreuse. Une histoire va naître entre eux, et Abigaëlle commence à s’inquiéter : personne ne connaît la vraie nature de son frère… Des vies sont en danger…

La construction du roman est originale, non linéaire, et vraiment magistrale ! Elle mêle plusieurs supports narratifs, nous pousse à échafauder de nombreuses hypothèses qui nous entraînent dans un brouillard de plus en plus confus. Je me doutais qu’il y avait plusieurs éléments qui clochaient, et Marie Vareille joue avec les voix de ses protagonistes pour nous embrouiller un peu plus.
Il y a Abigaëlle, Gabriel, Zoé, Aline, le Dr Hassan, le Dr Garnier, des personnages aux destins entremêlés. Il y a 3/4, la plus belle chanson du monde, un vitrail magnifique, et une dernière allumette, et de multiples autres éléments qui forment la trame de ce récit.

L’histoire est profonde, juste, d’une grande sensibilité, empreinte d’empathie pour des sujets d’une grande gravité, même tragiques. La fin est d’une rare puissance émotionnelle, je l’ai terminé en larmes, le sourire aux lèvres, le cœur brisé et réparé. Je l’ai reçue comme un uppercut, époustouflée par sa puissance émotionnelle.

Un roman indescriptible, inoubliable, superbement écrit, complètement maitrisé. Il m’a offert un patchwork émotions : poignant, drôle, révoltant, doux, frustrant et d’une grande beauté.

Un coup de poing, un suspense impossible à lâcher, qui traite de sujets brûlants d’actualité, avec empathie, et sensibilité. L’autrice possède un vrai talent de conteuse qui emmène ses lecteurs dans un récit poignant, réaliste et empreint d’émotions puissantes.

Le destin des trois protagonistes s’entremêlent jusqu’à un final explosif et libérateur.

Citations :

* Quand on commence à mentir à son entourage ou à taire certains événements, je crois que c’est le signe qu’il y a un problème. Au fond, on ment parce qu’on a honte d’avouer la vérité. Et on ne devrait jamais avoir honte de ce qu’on accepte par amour. Si on éprouve le besoin de mentir, c’est sans doute qu’on a eu tort de l’accepter.

* Zoé n’est pas très riche, mais elle ne sait pas aimer à moitié ni les choses ni les gens.

* Une certitude, toutefois : mon histoire débute et se termine par un enterrement. Autant vous le dire tout de suite, cela vous évitera les mauvaises surprises, et puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, commençons ici : l’enterrement.

* Trois dixièmes de seconde. Je pense à tout l’amour qui existe dans le monde, à tous ceux qui choisissent de tendre la main quand rien ne les y oblige, ceux qui donnent sans rien attendre en retour, ceux qu’on oubliera, qui ne seront jamais dans les livres d’histoire, mais qui, chaque jour, à coups de gestes minuscules, sauvent un petit peu l’humanité. Je les vois tous. Tous ces gens, tous ces gestes d’amour. Dans le monde entier et depuis la nuit des temps. Et c’est immense. Je n’ai jamais rien vu d’aussi grand. Jamais rien senti d’aussi puissant.

* Vous savez, on n’apprend pas aux filles à préserver leur liberté. On nous apprend au contraire que c’est important de faire des efforts si on veut qu’un couple dure et que le succès d’un couple est déterminé par sa longévité. Alors on les fait, ces efforts, on tolère les fautes de l’autre, aussi graves soient-elles, parce qu’on nous a appris que c’était beau de se sacrifier par amour, pour les enfants, au nom de l’idéal d’une famille unie…

* Les paroles s’envolent, les actes restent. On ne désapprend jamais tout à fait ce que les actions de nos parents nous ont enseigné.

* S’il y a une chose que j’en ai retenue, c’est que tout le monde souffre un jour ou l’autre, c’est inévitable. Les traumatismes font partie de la vie, mais un traumatisme n’est jamais une excuse valable pour mal se comporter.