La seconde vie de Mirielle West - CouvertureRésumé :

« Lorsqu’un médecin remarque une tâche pâle sur sa main, elle est immédiatement marquée comme lépreuse et transportée à des centaines de kilomètres de chez elle, à Carville, prenant un pseudonyme pour épargner à sa famille et à son célèbre mari la honte qui accompagne la maladie. Au début, elle espère que son exil sera bref, mais ceux qui sont envoyés à Carville sont davantage des prisonniers que des patients, et leur maladie est incurable.
Mirielle sait que pour résister et ne pas se laisser aller au désespoir, elle doit trouver un but entre ces murs, faire confiance aux autres malades, et lutter pour redéfinir son estime de soi tout en combattant un destin non choisi.

Une histoire enivrante de résilience et de répulsion durant les années folles, lorsque le monde glamour de la femme d’une star du cinéma muet s’effondre brusquement alors qu’elle est mise en quarantaine de force dans la seule colonie de lépreux des Etats-Unis… »

Coup de Cœur :

L’année passée, j’ai découvert la plume de Amanda Skenandore avec son premier roman, Pour l’honneur de tous les miens, que j’avais adoré ! Quelle joie de la retrouver avec le destin d’une femme qui voit sa vie basculer du jour au lendemain. J’ai dévoré ces 600 pages en à peine trois jours et c’est un beau gros coup de cœur ! Merci Laury-Anne de dénicher ces pépites, celle-ci rentre assurément dans mes meilleures lectures de 2023 !

Californie, Los Angeles, 1926.
Mirielle West, une starlette, mariée à une star du cinéma muet, Charlie, noie son mal-être dans l’alcool, dans sa villa, avec ses tenues de luxe, et en regardant ses enfants grandir de loin. Après un banal accident de fer à friser, en la soignant, le médecin de famille remarque une tâche pâle sur sa main. De rapides examens médicaux à l’hôpital l’envoient en chambre d’isolement. Elle apprend qu’elle est atteinte de la lèpre, et la seule solution est son enfermement à l’hôpital de Carville, en Louisiane, à des milliers de kilomètres de sa famille. Le trajet sera épouvantable, elle et les autres malades sont ostracisés et mis au rebus de la société. A son arrivée, craignant pour sa réputation, et désirant épargner la honte à sa famille, elle s’inscrit sous un faux nom, Pauline Marvin. Grâce à l’écoute, la compassion et l’humanité du Doc Jack, elle comprend qu’elle passera un long moment : elle a besoin de douze tests d’affilée négatifs pour recevoir une autorisation de sortie afin de retrouver sa famille, et ça semble très compliqué à obtenir. En effet, il n’existe pas de médicament pour soigner la maladie, elle est incurable, juste des traitement pour la ralentir, la stabiliser. Au début, elle est dans déni, elle refuse d’accepter son état et de s’intégrer aux autres patients, elle a peur en voyant les conséquences physiques sur certains pensionnaires dont les handicaps, et elle veut à tout prix quitter les lieux.
Grâce à l’amitié de certains pensionnaires dont Irène, Frank, Jean, Madge, elle comprend qu’elle doit trouver un nouveau but à son existence afin de ne pas sombrer dans le désespoir. Elle a besoin de s’investir dans un combat pour retrouver goût à la vie, reprendre confiance en elle. Sa correspondance avec Charlie est à double tranchant : elle lui donne de l’espoir, du courage, et en même temps, ça lui rappelle que ses filles grandissent loin d’elle, et qu’elle manque de nombreuses étapes de leur enfance.

Un roman fascinant, révoltant et follement addictif ! A travers le destin de Mirielle, alias Pauline, l’autrice dénonce l’exclusion par la société des personnes atteinte de cette maladie. Les familles, par crainte d’être rejetées, abandonnaient souvent leurs proches. Les malades voyaient toute leur vie s’effondrer, certains étaient rejetés par leur entourage, ils étaient séquestrés dans l’hôpital de Carville dirigé par quelques médecins et des religieuses infirmières. Cette mise en quarantaine obligatoire et généralement pour toute leur vie est très compliqué à gérer psychologiquement pour les patients. Avec l’histoire de l’héroïne et quelques autres qui l’entourent, cette histoire raconte la résilience, le courage, la solidarité qui unissent les pensionnaires de Carville, l’unique colonie pour les lépreux des Etats-Unis. La transition entre la vie quotidienne et l’isolement dans la léproserie était très compliqué à gérer émotionnellement : ils devaient faire le deuil de toute leur vie d’avant, et accepter qu’ils avaient très peu de chance de quitter un jour les lieux…

Le début de l’histoire est anxiogène car j’ai découvert en même temps que Mirielle tout ce que cette annonce impliquait : la honte de la maladie et la peur de son évolution, la séparation avec ses proches, l’exclusion de la société, l’angoisse de l’avenir. J’ai éprouvé beaucoup de compassion pour la jeune femme, même si elle m’a aussi agacé à plusieurs reprises avec son égoïsme, sa naïveté, ses caprices. Petit à petit, on apprend à la connaître, on découvre le drame de sa première vie, et on assiste avec joie à sa renaissance.

Amanda Skenandore m’a dévoilé un pan qui m’était complètement inconnu de l’histoire des Etats-Unis. Le récit était fluide, addictif, grâce à des chapitres assez court, et malgré sa taille, il n’y aucune longueur, chaque scène a sa raison, elle permet de mieux comprendre l’évolution de l’héroïne. Certaines scènes m’ont particulièrement émue, je me suis vraiment attachée aux personnages, j’ai refermé l’ouvrage avec les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. J’ai quitté ce roman à regret, et il pousse à la réflexion : que ferions-nous si du jour au lendemain, on se retrouvait enfermé contre son gré ?

Un très gros coup de cœur que je recommande très très très chaleureusement !

Citations :

* Quel genre d’existence consistait à vivre en cage derrière des grilles comme un paria, à l’écart du reste du monde?

* Il y a deux types de patients à Carville: ceux qui se considèrent comme déjà morts, et ceux qui ont le cran de réclamer leur place parmi les vivants.

Intensité du coup de coeur