Un clafoutis aux tomates cerises - CouvertureRésumé :

« Jeanne, 90 ans, décide d’écrire son journal intime. Du premier jour du printemps au dernier jour de l’hiver, d’événements minuscules en réflexions désopilantes, elle consigne pendant toute une année ses humeurs, ses souvenirs, sa petite vie de Parisienne exilée dans l’Allier, dans sa maison posée au milieu des prés, des bois et des vaches. La liberté de vie et de ton est l’un des privilèges du très grand âge, aussi Jeanne fait-elle ce qu’elle veut : regarder pousser ses fleurs, boire du vin blanc avec ses amies, accueillir – pas trop souvent – ses petits-enfants, remplir son congélateur de petits choux au fromage, déplier un transat pour se perdre dans les étoiles en espérant les voir toujours à la saison prochaine…
Le portrait d’une femme qui nous donne envie de vieillir ! »

Coup de Cœur :

Un roman plein de douceur ! Il ne se passe pas énormément de chose, c’est le vie quotidienne à travers le journal intime d’une vieille dame de 90 ans, Jeanne. Elle est parisienne, et par amour, elle est venue s’enterrer en pleine campagne, dans une ferme, entre les champs et les bois. Maintenant qu’elle est âgée, elle prend plaisir à cette vie dans la nature, loin du bruit, de la pollution, sereine. Avec l’âge, elle mène une petite tranquille au rythme de saisons, elle déguste ses petits plaisirs du potager et des floraisons de son jardin.
Si son corps fait preuve de faiblesses, elle a encore toute sa tête, juste moins de mémoire et elle est bien décidée à garder son indépendance ! Ce ne sont pas ses enfants qui vont lui dicter la fin de son existence ! Elle va voir ses amies, elle les reçoit chez elle, elle va faire ses courses, elle joue au bridge, elle va à la messe tous les dimanches, elle conduit encore sa voiture, à son rythme, même si ça agace les autres, elle a un âge où l’avis des autres ne la touche plus ! Elle a apprit à accepter que la vieillesse ne lui permet plus de faire tout ce qu’elle désire, elle a plus de mal quand ce sont ses amies, ses connaissances qui perdent leurs compétences, la tête ou encore la vie : elle apprend désormais plus de décès que de naissances… Elle apprécie ses petites habitudes, les mots croisés du Figaro, la confection de ses célèbres petits choux aux fromages pour les visites de ses petits enfants…
Malgré le fait qu’elle soit veuve, elle est rarement seule, ses voisins Marcelle et Fernand habitent juste à côté et elle peut toujours compter sur eux, ses enfants viennent régulièrement lui rendre visite, et puis il y a ses amies, Nine, Chantal et Toinette, qu’elle voit régulièrement afin de déguster un bon petit repas, arrosé de vin blanc, et jouer aux cartes.

Je me suis tout de suite attachée à Jeanne et son entourage, j’ai adoré la description de son quotidien, de ses petites habitudes, les visites de ses voisins tous les jours, de sa femme de ménage plusieurs fois par semaine et de sa famille, pas trop souvent car les plus jeunes la fatigue. Elle ne manque pas d’humour, elle raconte ses aventures et mésaventures avec dérision et tendresse. Elle a un langage coloré, et vivant. On aurait pu croire que ça serait vite ennuyeux, et pourtant c’est tout le contraire, on retrouve la beauté de la nature, son apprentissage compliqué des nouvelles technologies, l’importance de la pluie ou du soleil pour son jardin et elle sortir, comment elle occupe ses insomnies, et se concentre pour combler les trous de sa mémoire de plus en plus défaillante.
Jeanne est une femme qui se souvient de son amour pour René qui l’a tout autant aimé, de la naissance de ses enfants, de la cohabitation parfois houleuse avec sa belle-mère, elle a mené une belle vie, et elle a peu de regrets, et préfère se rappeler ses bons souvenirs. Elle est piquante dans ses remarques, et nous offre quelques belles leçons de vie !
Une histoire qui rappelle à quel point le temps passe vite …

Une lecture pleine de tendresse, et de nostalgie, parfois douce-amère, et une touche d’humour !

Citations :

– On ne s’ennuie qu’avec les autres,jamais avec soi-même.

– Elle regardait la télévision avec sa fille, un vieux film comique en noir et blanc. Elle a ri, puis elle a dit à sa fille « Je suis un peu fatiguée », elle a fermé les yeux et elle est morte. Comme ça, sans se rendre compte de rien. Je suis un peu jalouse. Je ne suis pas comme mon ami Louis, celui qui habite à Paris et que je ne vois plus jamais. Lui, il veut absolument se regarder mourir. Il a toujours été très curieux. C’est normal, avant d’être vieux, il était un grand scientifique. Aujourd’hui encore, tout ce qui est mystère le passionne. Alors le grand mystère, il veut le vivre en pleine conscience. Moi j’aimerais autant que ma conscience s’en aille la première. Ne me rendre compte de rien, rire ou dormir, et m’en aller.

– C’est étrange comme plus le temps passe et moins la mort me touche. Même celle des êtres les plus chers. Je crois qu’à force de voir les gens partir on s’habitue. On pleure des souvenirs, une solitude qui se dépose sur nos cœurs en couches de plus en plus épaisses, nous enveloppe et nous éloigne du monde. On est un peu entre deux eaux, entre la rive des vivants et celle des morts. Peut-être que celui qui part ne nous semble plus partir aussi loin. Il ne disparaît plus complètement, on le devine là-bas, au loin, mais plus si loin. Bientôt notre tour viendra d’aller le rejoindre. Peut-être est-ce pour cela que l’on est moins triste. Nous aussi avons commencé le voyage, l’autre a juste pris un peu d’avance.

Intensité du coup de coeur